Digital Sédentaire : L'art de voyager... dans son salon !

Ah, le rêve ultime de notre époque : devenir digital nomade. Vous savez, ces personnes qui postent des photos de leur ordinateur portable sur une plage paradisiaque, avec un cocktail à la main et un sourire éclatant. Mais moi, j’ai choisi une autre voie : celle du « digital sédentaire ».
Oui, vous avez bien lu. Je suis devenue freelance, j’ai quitté le salariat, mais au lieu de faire le tour du monde, j’ai décidé de faire le tour… de mon salon.
Pourquoi devenir digital sédentaire ?
Parce que, voyez-vous, j’ai quatre enfants. Oui, quatre. Et même si l’idée de siroter un mojito sur une plage thaïlandaise est tentante, la réalité de trimballer quatre petits monstres (que j’adore, bien sûr) à travers le globe, l’est beaucoup moins. Alors, j’ai décidé de prendre le meilleur des deux mondes : la liberté du freelancing et le confort de mon chez-moi.
Et puis vous savez pendant le COVID, on a connu l’école à la maison ? Et bien je peux vous dire que ça n’a pas éveillé chez moi une envie soudaine de faire l’école à mes enfants 7j/7, juste les devoirs c’est largement suffisant. Alors si c’est pour partir à l’autre bout du monde avec le CNED en compagnon de voyage, je préfère honnêtement ne voyager QUE pendant les vacances ! (sans compter que si les ados n’adhèrent pas à l’idée, c’est mort. je ne parle même pas du conjoint dont l’activité professionnelle n’est pas compatible).
Enfin, quand je vois qu’à 6, juste organiser des vacances à l’étranger, c’est un projet qui demande tellement d’investissement et ne laisse peu de place à l’improvisation. Je crains que gérer mon activité professionnelle dans ces conditions me demande beaucoup trop d’énergie et risque de gâcher le plaisir du voyage.
Les avantages du digital sédentaire
1. le dressing illimité
Pas besoin de choisir entre trois tee-shirts et deux shorts pour partir à l’autre bout du monde. Mon dressing est là, entier, à portée de main. Pyjama le lundi, jogging le mardi, et il m’arrive même de faire un effort vestimentaire et une touche de maquillage quand je participe à des rencontres réseaux en présentiel, ou que j’ai un rendez-vous physique avec un ou une cliente. Parce que oui, quand nos clients sont pour l’essentiel dans un rayon de 500 mètres à 100 km, on peut se permettre le luxe d’avoir des relations pas seulement en ligne !
2. La cuisine maison
Fini les plats exotiques qui vous retournent l’estomac où le risque de turista. Ici, c’est pâtes au fromage le lundi, purée steak haché le mardi…. Et le meilleur dans tout ça ? Pas de vaisselle, les enfants s’en chargent ! Bon en vrai ? Les enfants se disputent plutôt à celui qui ne va PAS vider le lave-vaisselle parce que c’était déjà son tour la veille. Parfois ils râlent de ne pas manger plus souvent à la cantine… (jusqu’au lycée où ils partent alors du village de 7h à 19h et regrettent l’époque où ils rentraient manger chez maman !).
3. Le Wi-Fi stable
Ah, le Wi-Fi. Cette chose magique qui peut transformer une journée productive en cauchemar si elle décide de faire des siennes. Mais chez moi, le Wi-Fi est stable, fidèle, et toujours là pour moi (sauf quand les gars de la fibre te débranchent pour mettre un nouveau branchement à la place parce qu’ils n’ont pas prévu assez de prises pour tout le quartier sinon ça ne serait pas drôle).
4. Les pauses câlins
Quand il m’arrive de bosser avec des enfants à domicile, rien de tel qu’une pause câlin. Oui, parfois ils m’interrompent avec des « Maman, j’ai faim ! » ou « Maman, il m’a piqué mon jouet ! », mais il y a pire qu’être dérangé pour un câlin de la petite dernière.
5. Gérer les besoins des enfants sans casse-tête dans l’agenda
Un rdv médical ou avec l’école à intégrer à l’agenda ou encore un enfant malade ? Pas besoin de demander une autorisation d’absence à son patron, on s’adapte !
Les défis du digital sédentaire
Mais ne croyez pas que tout est rose. Le digital sédentaire a aussi ses défis :
1. La tentation du frigo
Quand le frigo est à portée de main, la tentation est grande. Heureusement, je ne suis pas du genre à grignoter toute la journée. Et pour compenser mon mode de vie statique, je m’impose du sport au moins deux fois par semaine.
2. Les distractions
Entre les enfants qui se chamaillent, et la machine à laver qui sonne, il faut parfois une bonne dose de concentration (et de bouchons d’oreilles) pour rester productif. Des écouteurs avec une playlist de musique de concentration ça marche aussi.
3. La routine
Oui, parfois la routine peut être ennuyeuse. Mais quand on a quatre enfants, la routine est aussi synonyme de survie. Et puis, qui a besoin d’aventure quand ton lot de défis quotidien s’apparente déjà à Koh-Lanta ? Et puis dans mon travail en lui même, chaque projet étant différent, je ne connais pas beaucoup la routine, en tout cas pas avec m’organisant d’une façon qui me correspond (je me débrouille pour alterner des tâches de rédaction, de webdesign, de maintenance pour différents projets dans une même journée).
Et honnêtement, prendre la voiture chaque matin, respecter des horaires fixes et voir toujours les mêmes bureaux, c’était encore moins varié. Aujourd’hui, je peux organiser mes journées comme je veux, travailler en terrasse l’été ou bouger mon espace de travail quand j’en ai envie.
Les astuces pour rester une digital sédentaire motivée (même quand on a juste envie de binge-watcher Netflix)
Travailler seule, ça a ses avantages, mais aussi ses pièges. Voici mes stratégies pour éviter de sombrer dans la procrastination :
1. Se fixer des horaires
Ce n’est pas parce qu’on est chez soi qu’on doit travailler à n’importe quelle heure. J’essaie de m’imposer une organisation, même si parfois elle vole en éclats avec les imprévus familiaux. Bon en vrai c’est l’école qui fixe mes horaires, car je travaille essentiellement quand les enfants ne sont pas chez moi.
En général tout le travail pour mes clients est réalisé sur le temps scolaire, alors que quand je travaille avec du monde à la maison, je me concentre sur ma propre communication (la maintenance de mon site, la création de contenu pour mon blog ou mes réseaux sociaux, la formation continue, ma comptabilité…)
2. Organiser son planning
Toujours au rythme des enfants, et du calendrier scolaire. Je travaille donc sur un rythme de mi-temps annualisé. En résumé, jamais le mercredi, et je prends au moins la moitié des vacances scolaires (ou je réduis drastiquement la charge de travail).
Aussi il y a des semaines où je suis à 80% et d’autres à 20% et ça, ce n’est pas possible lorsqu’on est salarié ! (sauf peut-être pour les enseignants ou professionnels en milieu scolaire).
3. Avoir un espace dédié au travail
Même si c’est juste un coin du salon, c’est important d’avoir un endroit où l’on sait que l’on passe en mode « travail ».
J’ai également un coin bureau dans ma chambre, pour pouvoir tout de même accomplir certaines tâches pour mon entreprise lorsque je ne suis pas seule à la maison.
Et pour diversifier les postures, à défaut d’un bureau assis-debout, il m’arriver de poser l’ordinateur sur le bar de la cuisine pour travailler debout, ou à l’inverse sur un support spécifique pour mettre l’ordinateur sur mes genoux et travailler depuis mon lit ou la draisienne du canapé !
4. Se fixer des objectifs quotidiens
Rien de plus satisfaisant que de cocher une tâche accomplie ! J’essaie de me fixer des objectifs réalisables pour éviter la frustration. Et je remplis toujours par avance mon agenda de plages horaires dédiées pour éviter la procrastination ou avoir à réfléchir par où commencer ma journée.
Mon fidèle allié est mon agenda Google, où je séquence ma journée entre les différentes tâches à accomplir (consacrées à la création de sites pour les projets en cours, les tâches de maintenance ou d’ajout de contenus récurrents pour d’autres clients, les réunions partenaires etc…) le tout synchronisé avec l’agenda personnel.
Et si on veut quand même voyager un peu en tant que digital sédentaire ?
Être digital sédentaire ne veut pas dire être condamné à ne jamais bouger. Il y a plein de façons de s’offrir une petite bouffée d’air :
1. Les "workstations" externalisées ponctuelles
Travailler quelques jours dans un autre cadre, comme un gîte, un espace de coworking à la montagne ou au bord d’un lac, histoire de casser la routine. Pour le moment ce n’est pas quelque chose que je pratique beaucoup, si ce n’est parfois dans des cafés, ou à l’occasion d’un WordCamp.
2. Les séjours chez la famille, amis ou partenaires
Travailler chez quelqu’un de la famille ou chez une copine peut être une bonne alternative pour changer d’air sans partir trop loin. Il m’arrive de faire du coworking en invitant une autre freelance à la maison ou en allant chez elle.
3. Les petits week-ends en déconnexion totale
Parce que parfois, il faut juste tout couper et profiter ! Et la liberté du freelancing permet d’avancer ou de prolonger le week-end facilement.
Pourquoi je ne suis pas digital nomade ?
1. Incompatibilité avec ma vie de famille
Quand j’ai opté pour mon changement de vie pro, à savoir quitter le salariat dans le social pour me former au digital dans le but de devenir freelance, j’avais déjà + de 40 ans et 4 enfants, et mon but 1er était de concilier comme je l’entend vie pro et vie familiale et ça je l’ai atteint.
C’est en me formant en autodidacte en parallèle de ma formation de chargée de marketing digital, et notamment en regardant des tutos sur You tube, que j’ai découvert que beaucoup de confrères sont des nomades digitaux.
Spoiler n°1 : Oui il y a des jours où je suis profondément jalouse des nomades digitaux, et je me dis que moi aussi je pourrais faire ma valise, et mettre mon ordi dans un sac à dos pour aller bosser sous les cocotiers ! Surtout les journées d’hiver où on ne voit pas le soleil !
Mais soyons réalistes, cette vie là, c’est pour les célibataires sans enfants, ou alors pour les rares familles pour qui le projet est pleinement partagé.
Parfois, je me dis que je pourrais partir de temps en temps une semaine. Mais si je ne pars qu’une semaine, avec pour objectif de visiter et de travailler, ça va me couter cher, pour au final ne pas beaucoup visiter… Ou ne presque pas travailler ! Et déjà que ma vie familiale ne me permets pas de beaucoup travailler en restant chez moi…
Partir un mois ? La petite famille me manquerait trop, et nous sommes habitués (avec mon conjoint) à gérer notre tribu ensemble, aussi je culpabiliserai de le laisser longtemps seul avec les enfants (et il risquerait de ne pas apprécier !).
2. Incompatibilité avec le budget
Il parait qu’avec 1500 à 2000€ / mois on vit confortablement à l’autre bout du monde, pour peu que le coût de la vie soit inferieur à la France.
Alors ok, si :
- tu ne gardes pas un logement en France (et personnellement j’ai un crédit maison, cette maison même qui m’abrite avec mes tribu, et les charges qui vont avec !)
- tu voyages seul
Personnellement, quand j’organise un voyage pour 6, autant dire que je casse clairement la tirelire ! Et encore je pratique l’échange de maisons ! Juste les billets d’avion pour 6, ça fait mal…
Enfin, l’entrepreneuriat à mi-temps, y’a pas de secret, c’est un peu, financièrement, comme le salariat à mi-temps. C’est certain que si je concevais deux fois plus de sites dans une année, mes ressources seraient plus confortables… Mais pour le moment, mon emploi du temps ne me le permet pas.
95% digital sédentaire 5% digital nomade
Pour voyager, vous l’aurez compris, je préfère garder le budget pour partir en vacances en famille plus longtemps (une fois par an).
Je suis, à cette occasion, un petit peu digital nomade quand même ! J’amène toujours l’ordinateur avec moi pour travailler un minimum, même en vacances.
En effet, je ne peux pas rester 2 semaines ou plus sans allumer mon PC :
- Un peu parce que j’ai une mission d’astreinte de maintenance à assurer et que je dois pouvoir réparer un bug dans les plus brefs délais.
- Un peu parce que lorsqu’on est entrepreneur ça fait partie du Game, non ? Et je ne suis pas la seule, je pense, à avoir un peu “du mal à lâcher”.
Cela étant, quand c’est pour son propre business, on ne vit pas comme une contrainte d’avoir toujours son bureau à portée de main, au contraire, personnellement, ça me rassure !
Spoiler n°2 : Je vis en Savoie, dans une région où certains rêvent de venir et d’autres dépensent une fortune pour venir passer quelques jours. Et je pense qu’il y a pire spot pour travailler, comme le montre la version hiver /été de ce qui m’entoure :
Digital sédentaire, en bref...
C’est une façon de concilier liberté et stabilité. Ce n’est pas pour tout le monde, mais pour moi, c’est l’équilibre parfait entre ma vie pro et ma vie perso. Alors non, je ne travaille pas depuis Bali, mais j’ai un confort de vie qui me correspond, et ça, ça n’a pas de prix !
Alors voilà, je suis une digital sédentaire, et fière de l’être. J’ai troqué les plages de sable fin contre le confort de mon canapé, les cocktails exotiques contre des tasses de café, et les aventures à l’autre bout du monde contre des moments précieux avec ma famille. Et vous savez quoi ? Je ne l’échangerais pour rien au monde.
Et puis, les années passent vite, et les enfants grandissent… A l’heure où j’écris cet article, ma fille aînée est sur le point de passer le bac et son 1er frère termine le collège.
Je pense que dans 5 ans, quand la petite dernière sera au collège et qu’il n’y aura certainement plus que 2 enfants sur 4 à la maison, je pourrais envisager d’être digital “un peu moins sédentaire / un peu plus nomade”.
Enfin, je vis dans une maison avec jardin en Savoie, je pense qu’il y a pire comme conditions pour faire du télétravail ! L’hiver mon bureau donne sur les sommets enneigés que je peux rejoindre aisément si l’envie de chausser les skis me prend. L’été, entre lacs et randos, on se sent en vacances un peu tous les jours. Bref, je vis dans un cadre qui fait rêver pas mal de monde, et me fait relativiser face à l’envie de nomadisme que ma vie actuelle ne me permet pas d’assouvir ! Envie de papoter sur ta vie de travailleur digital nomade ou pas ? Contacte-moi !